Thriller
Edition La Bête Noire
2016
480 pages
21€50
Version numérique : oui
Synopsis
Barbarie
Des jolies petites filles, vêtues de tenues d'apparat, apprêtées pour des noces de sang.
Abomination
Deux femmes, deux mères. À Kaboul, Nahid se bat pour empêcher le mariage de sa fille, dix ans, avec un riche Occidental. À Paris, les enfants de Nicole, ex-agent des services secrets, ont été enlevés. Pour les récupérer, elle doit retrouver un chimiste en fuite, inventeur d'une nouvelle drogue de synthèse.
Affrontement
Il se croit protégé par ses réseaux et sa fortune, par l'impunité qui règne en Afghanistan. Mais il reste encore dans ce pays des policiers déterminés à rendre la justice, comme l'incorruptible chef de la brigade criminelle, le qomaandaan Kandar.
Déflagration
Nicole et Nahid aiguisent leurs armes. Pour triompher, elles mentiront, tortureront et tueront. Car une mère aimante est une lionne qui peut se faire bourreau.
Mon avis
Trois premières avec ce livre : 1er livre de la Bête Noire; 1er livre de cédric Bannel; 1ère rencontre avec Oussama Kandar ... et ce fut un réel plaisir.
A la lecture du synopsis, je me suis dit que ce livre allait m'embarquer dans un pays que j'ai déjà rencontré dans "La perle et la coquille" de Nadia Hashimi, je ne me suis pas trompée. En effet, Cédric Bannel nous emmène avec lui et ses personnages en Afghanistan. A travers ses écrits, on sent bien le fait qu'il connait les lieux, les us et coutumes et surtout de quoi il parle. On ressort de ce livre avec un autre regard que celui des journaux télévisés et autres sur ce pays. L'auteur arrive à expliquer certaines choses sans jugement ni longueur. Il utilise même des expressions arabes dans son texte. Et tout ceci nous plonge réellement dans l'histoire. Et ce fut, du coup, un réel dépaysement.
Nous suivons alternativement mais de façon aléatoire,
* Oussama Kandar, un flic afghan (déjà rencontré dans "L'homme de Kaboul") qu'il fallait penser à inventer car il est d'une droiture exceptionnelle pour ce pays où corruption et trafic font légion; il sait néanmoins s'autoriser certaines choses afin d'arriver à faire gagner la justice et pour cela il est remarquable. Le seul petit détail qui m'a génée avec lui, c'est qu'il demande pardon à son dieu quand il fait quelquechose de baad, mais c'est juste un détail minime par rapport à d'autres choses décrites dans ce livre, qui me révoltent plus; et ça ne m'a pas empéchée de l'apprécier.
* Nicole Laguna, ancienne flic française qui est de la même trempe que Oussama (la réligion en moins). Afin de sauver les siens, elle va aller jusqu'à dépasser certaines limites légales mais toujours avec un seul objectif en tête. Je l'ai beaucoup apprécié aussi et aimé la suivre.
* Beaucoup d'autres personnages interviennent dans ce roman. Mais, pas d'inquiétude : à la fin, l'auteur a eu la riche idée d'inclure un glossaire de ceux-ci et je l'en remercie car ça aide vraiment à s'y retrouver, surtout pour la partie afghanne où les noms sont quelque peu impronnonçables et ce ressemble.
L'histoire en elle-même est un thriller qui vous m'a prise aux tripes et dès le début car nous sommes, dès les premières pages, plongé dans le sordide du roman. Nous suivons, comme je l'ai dit plus haut, alternativement mais aléatoirement les enquêtes d'Oussama et de Nicole pour, au final, comme on peut s'en douter, se retrouve à un moment donné. Les deux enquêtes sont rythmées par un compte à rebours : le livre se déroule sur 10 jours, 10 longues journée-chapitres (mais chaque journée est découpée aussi donc si vous êtes comme moi qui n'aime pas m'arrêter n'importe où dans un livre et qui lit même si j'ai peu de temps, ç'est bon, vous pouvez vous engager dans ce roman), 10 jours que l'on ne voit pas passer tant le rythme est soutenu d'un bout à l'autre.
Le style de l'auteur est fluide et abordable par tout à chacun. Pas de temps morts, pas de longueur, tout à de l'importance, rien n'est laissé au hasard. Ce n'est que 480 pages de rebondissements jusqu'au bout sans rallentissement.
Personnellement, je n'ai pas lu l'autre livre où nous rencontrons Oussama et son équipe mais ça ne m'a pas génée pour les suivre car c'est une tout autre enquête et, vu que les personnages sont bien décrits, ils ne m'ont pas paru étrangers et j'ai même eu l'impression qu'il ne me manquait pas du tout un peu de leur histoire.
En bref, ce livre est un bon thriller qui m'a happée dès le début, sans me laisser souffler jusqu'à la fin (pas de temps morts), qui m'a dépaysée (L'Afghanistan), qui m'a tenu en haleine (multiples rebondissements).
Ce fut aussi ma première rencontre avec Cédric Bannel, un auteur français que je vais suivre et que j'ai très envie de retrouver dans d'autres livres.
Merci à La Bête Noire et à Netgalley pour ce partenariat.
Quelques citations qui m'ont marquée
" En Afghanistan, comme dans beaucoup de pays musulmans traditionalistes, les femmes n'avaient souvent pas le droit de sortir de chez elles les jours d'enterrement. C'est la raison pour laquelle les victimes féminines de violences étaient enterrées à la va-vite, sans cérémonie, surtout si elles avaient subi un viol, devenant ainsi sujets de honte pour leur famille. Oussama ne parvenait pas à s'habituer à cette froide comptabilité familiale, qui ajoutait l'abandon à la mort. "
" Chez les campagnards les moins évolués, une femme qui ne donnait pas d'héritier mâle à son mari devenait presque toujours la cible de moqueries dans tout le cercle familial. Un ventre fertile de bonne qualité devait produire des garçons pour pérenniser le clan, c'était ainsi. Ne pas avoir engendré de Male etait le signe d'une faiblesse de constitution. Ou, plus grave, d'une punition d'Allah. Les belles-mères de telles femmes leur faisaient subir mille tourments, de même que l'entourage et les voisins. S'il arrivait, néanmoins et par malheur, que les maris soient eux-mêmes ridiculisé pour la pauvreté supposée de leur semence, inapte à produire un héritier, la situation était encore pire : ils se vengeaient parfois en assassinant leur épouse à l'occasion d'"accidents" domestiques. Un peu d'alcool à brûler sur la burqa, une allumette, et le problème de ventre mal reproducteur disparaissait dans un grand brasier. Plusieurs milliers de femmes mouraient ainsi en Afghanistan. Chaque année. "
" Oussama était au courant du développement de ces campagnes hostiles au progrès médical dans les villages reculés, mais il ignorait qu'elles avaient déjà atteint Kaboul. C'était une preuve supplémentaire de l'emprise de plus en plus sournoise des talibans sur le pays qui se révélait de multiples, et souvent absurdes, manières. Les talibans refusaient ainsi les rasoirs et le papier toilette car le Coran n'en faisait mention nulle part, mais ils utilisaient sans vergogne explosifs, fusils d'assaut et missiles modernes. Ils critiquaient la liberté d'expression tout en inondant Internet de leurs vidéos afin de diffuser le plus largement possible leur propagande anti-occidentale. C'était kafkaïen et incompréhensible. "
" Ils s'installèrent dans le salon. Le vieil homme enleva ses chaussures, dévoilant un pied noir et crevassé, rongé par une infection. Le taliban ne s'en offusqua pas : dans ces contrées, les habitants étaient habitués aux odeurs corporelles fortes comme aux problèmes cutanés. Lui-même souffrait d'éruptions de boutons à l'aine qui lui faisaient endurer le martyre, en dépit de ses prières répétées. Une simple crème antibiotique eût suffi à résoudre le problème en huit jours mais presque aucun médicament ne parvenait dans ce coin perdu. Dans le cas contraire, les talibans les plus obtus les écrasaient avec des pierres au motif qu'ils contenaient du porc, de l'alcool ou autres produits haram. Comme personne ne devait l'ignorer, la médecine moderne était un complot des Juifs et des nazaréens pour asservir les vrais croyants. "
" De ce passé riche et multiculturel, les talibans avaient voulu faire table rase. Ils avaient échoués : de tout le pays, des volontaires venaient aider à la reconstruction du site - Pachtouns, Tadjiks, Ouzbeks, Baloutches... un même peuple, toutes les ethnies confondues, uni dans la volonté de reconstruire ce précieux morceau de culture issu de leur passé commun. Un morceau de culture qui symbolisait la paix, le respect, tout ce que le pays voulait redevenir. "
" S'allier à un petit Satan lorsqu'on veut en détruire un grand, n'est-ce pas la base de toute politique internationale? "
" De ce passé riche et multiculturel, les talibans avaient voulu faire table rase. Ils avaient échoués : de tout le pays, des volontaires venaient aider à la reconstruction du site - Pachtouns, Tadjiks, Ouzbeks, Baloutches... un même peuple, toutes les ethnies confondues, uni dans la volonté de reconstruire ce précieux morceau de culture issu de leur passé commun. Un morceau de culture qui symbolisait la paix, le respect, tout ce que le pays voulait redevenir. "
" S'allier à un petit Satan lorsqu'on veut en détruire un grand, n'est-ce pas la base de toute politique internationale? "
Il a l'air bien sympa ce petit livre.
RépondreSupprimerIl l'ai 😊
SupprimerQuel bel avis, ça me fait extrêmement envie !
RépondreSupprimermerci pour l'avis; si tu aimes les thrillers, fonce !!!
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